lundi 16 juillet 2012

Damp

The rain stopped and that woke me up. Six something on a sunday morning; get up and fix the first batch of coffee of the day. Looking out the window, eyes set on dripping shrubs, out the blue : I can feel my legs twitch and my heart peacefully passing time in my chest.

Man, I need to run.

The last outting was over a fortnight ago. I reach for my watch : the battery's dead. On any other day, that might have felt ominous; today I merely decide to leave the Suunto bundle at home. I grab my shoes and I'm out the door.

The first steps on tarmac are mindful treads, I tell myself I'll just go check out that wood on the big rock over there, come back - a fast thirty minute trek, all in all. Sounds reasonable. Without the watch to monitor the changes in my heart rate, I quickly catch my natural stride as I leave the road behind. I pass a couple of sleepy houses ensconsed in the marshes, then a taxing little hill and I'm in the sticks.

A couple of turns later, a promising path dives downhill amist thick trees; it digs its track in the dirt and the sides are high over my head in a matter of minutes. It rained non stop for several days, the way it only rains in Brittany - a quiet but determined downpour that would drench concrete if need be. As a consequence, it also only requires a couple of minutes to get me bogged down to my calves. I climb the steep side of the track, hit the wood and run downhill in the thick of it. I can smell the salt and hear the sea as I come in the clear, hitting a field with the tall grass whipping my thighs.

I land on the beach and run for the water; seagulls up their heads and crane their necks as I come unto them. They fly off, leaving the space where my feet land a few split seconds before I'm there. Or so it seems. The sky is bright in spite of the grey clouds, and the light seems to jump off of everywhere - the sea, the wet sand, the small stream I jump over and that runs down to the ocean. This large beach of hard greyish sand is surrounded by steep hills and rocks that close the bay. The woods and fields that spread over these are encased in a dreamy haze, an early morning mist to salute the new day.

I end up leaving the beach to tackle the upright path that needs to take me to my shower. To be honest, I first felt like following the long and winding road which narrowly builds up the side of the hill. And then I catch sight of a small path seemingly losing its tracks in the green recesses that follow the road.

Let's hike.

The first steps are rather demanding - the path goes brutally uphill with no consideration for the effort required. A few steps have been built to help would-be hikers progress. Sharp stones protude from the greasy and slippery surface. It's hard to keep running and when I end up at the top, I welcome the quick mudpath that zooms about. There are multiple tracks to follow as I bury myself in the wood; I can see hoovesigns caked in the mud. Horses, in all likelihood; I've happened upon some sort of fire road. Later on, a small animal path in the fougères, some more prints. Not horses this time.

Of course, I get lost following those tracks that run up and down the hill; I let my spirits be taken by the eery feeling of the forest as I run around in circles.

Then I've had enough. My shower, my coffee pot, the warm open fire beckon. I find my bearings, leave the wood behind and get home. The wind dries me up. It's been over an hour.

I'll be back tomorrow.

lundi 21 mai 2012

Pluie nocturne

L'orage menaçait déjà quand je me suis décidé à sortir. Au soleil couchant, le ciel s'alourdit de nuages d'un noir profond. Le temps de faire trois pas, et quelques rares gouttes, lourdes et espacées, commencent à s'écraser sur mon front nu; mes bras, mon t-shirt.

Fausse alerte.

Je me suis quand même réfugié au couvert de la forêt; la lumière chute d'un coup. Le crépuscule s'installe d'autant plus vite sous la canopée de la forêt de Saint Germain.

J'ai opté pour une sortie courte, ça tombe bien : le vent se lève et fait chanter les branches au-dessus de ma tête. La nuit descend sur le bois; ça met en valeur les éclairs par-dessus ma tête.

Je pénètre dans une travée plus sombre que les autres; je ne vois plus mes pieds, je cours dans le noir avec des dégradés de gris. J'écoute le bois.

Je compte les secondes entre l'éclat et le grondement du tonnerre : ça se rapproche. Je me demande lequel ferait paratonnerre. Faut que je sorte de ce bois.

Je finis par me décider à rentrer; l'orage s'abat d'un coup sur la forêt : le bruit me fait presque penser à une envolée d'étourneaux un soir d'automne.

Je sors du bois et je suis trempé en quelques foulées. Je n'allonge pas le pas; je n’accélère pas. Tenir le même rythme. Mouillé pour mouillé... La pluie tombe, drue et froide. Je crois encore deux trois personnes qui rentrent prestement d'avoir promené leur clebs. Des voitures soulèvent des gerbes d'eau; certains carrefours sont déjà noyés.

Ce doivent être mes racines - cinquante pour cent breton, trente pour cent auvergnat ou lorrain et vingt pour cent de cosmopolite que ma mère m'a rigoureusement défendu de nommer ici. Mais je suis heureux.

mercredi 9 mai 2012

Dix

Cela fait un peu moins d'une heure et à peu près dix bornes que je trotte dans la forêt - en sortant de chez moi, je suis monté rapidement vers la route vieille; j'ai entamé la balade par une grosse boucle contournant le golf. Croisé pas mal de monde. Pour une fois que je ne suis pas parti de bonne heure un dimanche, accessoirement je prends des sentiers très fréquentés et plutôt recherchés. Je ne sais pas pourquoi, d'ailleurs, c'est tout droit et tout moche alors qu'il y a des coins magnifiques un peu plus loin. Pas certain de revenir par ici, tu l'auras compris.

Finalement, les gens ne courent pas si vite que ça, je trouve - pour le coup, je vérifie ma montre, des fois que je sois inconsciemment en train de faire péter un score : le dernier mec que je viens de passer était exsangue dans son attirail de professionnel de la course à pieds. La plupart des coureurs et coureuses croisés projettent une odeur de parfum et de lessive. C'est détonnant et plutôt agressif dans les sous-bois; faut dire que la course aiguise les sens, je dois donc être plus sensible qu'en temps ordinaire.

La course précédente, je m'étais astreint à courir sous les 70% FCM (oui moi aussi je cherche à comprendre, et donc je lis plein de trucs que je prends avec plein de pincettes), plus pour voir que dans un quelconque objectif. Bilan c'est faisable, c'est un effort intéressant d'ailleurs, une sensation très différente de la course à plus haut régime. Mais aujourd'hui : j'ai envie de me faire plaisir. De me laisser aller à courir à la vitesse de mon choix.

J'ai poussé la balade jusque vers les voies de grande ceinture, avant de faire demi-tour devant cet obstacle; je l'ai plus ou moins suivie. Premier moment vraiment seul que je goûte pleinement; je retrouve l'odeur de l'humus et les bruits de l'humidité qui parcourent le bois. Il a beaucoup plu ces derniers jours. Autant c'est un peu déplaisant sur les chemins, qui sont constellés de petites mares qui vont parfois jusqu'à opposer un barrage qu'il faut contourner en s'aventurant dans les futaies, autant dans les petits sentiers qui zigzaguent, c'est moins gênant. J'ai le sentiment d'être pris au milieu d'un concert de musique sérielle, et de participer un peu à la représentation. C'est grisant.

Un peu plus loin, je tombe sur un mec bodybuildé que je laisse sur place - l'avantage de la légèreté sur la puissance dans l'endurance; je sais ce qu'il ressent, j'ai pas mal changé ces dernières années, passant globalement d'un gabarit de rugbyman qui aurait arrêté l'entraînement à celui d'un coureur de fond léger. Ce que j'espère devenir.

Aujourd'hui, grande sensation de facilité, aucune douleur; aucun effet de seuil alors que je cours justement à peu près au seuil, un peu en dessous.  J'ai l'impression que je pourrais courir à ce rythme indéfiniment.

Je traverse une route, et m'enfonce dans la partie de la forêt domaniale qui sépare Saint Germain, Maisons Laffitte et Poissy. Ici, je sais que je ne trouverai personne avant de m'approcher des chemins les plus proches de la ville. Il y a une myriade de sentiers et de carrefours en étoile, sans compter les routes non revêtues. Tout est désert.

Donc, ça fait à peu près une heure et dix kilomètres que je cours; je me sens bien, je sens mon rythme cardiaque stable depuis les prémices de ma course, mon souffle régulier qui remplit mes poumons, mes jambes qui avancent sans effort et mes bras qui rythment mon déplacement. Cela peut paraître ridicule, mais je ressens aussi un grand sens de communion avec la nature qui m'entoure. Cela m'élève l'esprit; une forme d'ascèse métaphysique. D'ailleurs, psychologiquement ça ne va jamais mieux que dans ces moments-là; nombreux sont celles et ceux qui ne pensent à rien en courant, à part leur performance. Nombreux sont aussi celles et ceux qui voient des mystères se dénouer, des réflexions aboutir, des problèmes se résoudre en quelques kilomètres. Je suis plutôt dans la seconde catégorie, tu l'auras deviné camarade.

Et au détour d'un fourré : une biche. Elle s'arrête une fraction de seconde dans mon azimut , me regarde arriver. Détale. S'arrête de nouveau. Je vais l'observer un petit moment qui me parait durer une éternité; elle est farouche sans l'être et puis elle disparait.

Je bifurque, direction la maison. En arrivant sur les chemins plus aménagés, je recroise des promeneurs, avec ou sans chien, déguisé en ultrarunner ou non. Je dis bonjour à tout le monde, moi; c'est une habitude et puis : de toute manière, j'ai déjà gagné ma journée.

samedi 28 avril 2012

Processus cicatriciel, seconde

J'en étais où ?

Ah oui : bobo genou. Comme je ne suis pas du genre à te prendre des risques inconsidérés : pause; une semaine. Reprise en douceur, d'abord une vingtaine de minutes en petites foulées, puis une trentaine itou. J'ai aussi vu mon généraliste qui m'a dit, dans l'ordre : 1. je sais pas ce que c'est mais 2. ce n'est ni une tendinite, ni une conséquence de problèmes qui remonteraient à l'adolescence; encore moins une maladie et 3. je t'initie au coldpak et tu vas me faire des radios.

Passionnant, non ? En tout cas, c'est toujours ça de pris.

Ce qui est passionnant, c'est que tout le monde a un avis, qui oscille de achète un vélo à fais-toi à l'idée courir ça donne mal aux genoux - entre autres. Non c'est vrai, c'est effrayant le nombre de blogs, forums, sites avariés et autres véhicules de l'expression sportive du particulier, où l'on semble trouver naturel et fatal, de fatalitas, ce qui ne peut être évité; bref c'est une prison à ciel ouvert - bienvenue à Cayenne, ami coureur : mal aux genoux tu auras. Entre autres endroits de ta mesquine anatomie, on a retenu le précédent épisode, merci les mecs.

Chacun a un avis, t'as commencé trop fort, c'est le syndrome de l'essuie glace. Je l'aime bien celui-là, comme une poétique crue. Soyez à ce qu'on vous dit : il a pas mal en courant. Faut des semelles thermoformées, c'est quatre cent euros merci. Ah. Ton seul espoir est l'excès d'EVA au cretinium suractivé et de préférence fluorescent ou à la rigueur plus bariolé qu'un drapeau révolutionnaire... Enfin, bref, comme souvent, Internet, t'as des infos, mais faut faire preuve de circonspection et de discernement. Sinon, t'as vite fait de te croire atteint de tous les maux de la Terre et qu'en plus demain les aliens qui attendent à nos portes vont nous ratiboiser.

Suis allé rendre visite à deux trois boutiques spécialisées; globalement j'ai surtout eu l'impression qu'on cherchait à me fourguer ce qu'il y avait en stock, et de préférence des modèles onéreux qu'avaient du mal à partir. Notez, je peux comprendre, faut bien vivre et les mecs ont l'air convaincus par leur chapelle de l'amorti. Ils ont aussi l'air convaincus que les cartes de fidélité chez le kiné et/ou le podologue font partie de l'armement minimal du coureur à pied. Les minimalistes, c'est bien pour courir pas longtemps et vite et quand tu sais ce que tu fais, pauvre débutant, achète des ASICS c'est un minimum pour tourner en rond dans les sous-bois de ta banlieue de nantis.

C'est peut-être vrai - je ne sais pas... je demande juste qu'on me le démontre. Parce que voilà, ça me parait un peu improbable, que quelques centimètres au mieux de mousse me sauvent les articulations issue de millénaires d'évolution, alors que visiblement le taux d'incidence des blessures n'aurait pas particulièrement baissé ces trente dernières années. Soit depuis l'avènement de ces chaussures de tueurs.

Ce qui me parait plus probable, c'est que plus mon pied est maintenu, immobilisé, plus le travail d'adaptation au sol va être transféré aux genoux, aux hanches; ailleurs. Plus l'énergie encaissée va remonter dans ma carcasse, se diffuser dans mon squelette au lieu d'être dispersée au point d'impact. Moins le pied va pouvoir sentir le sol, plus ça va merdailler ailleurs; le concept de l'onde de choc, en gros. Il est très possible que je sois en train de proférer des âneries plus grosses que moi (j'ai maigri, notez, donc tout est envisageable).

Il faudrait sans doute que je structure plus mes "entraînements", que je sois plus attentif aux étirements post-course; j'ai peut-être augmenté trop rapidement la durée, la longueur et la fréquence de mes sorties. Ceci étant, la course à pieds est une drogue dure, et la crise de manque est rapide à survenir. Or, si je cours, c'est pour le plaisir que cela m'apporte; pas pour atteindre un objectif sportif, non mais franchement : quelle vulgarité; pas pour me sentir plus fort à l'approche de la quarantaine - Desproges disait que l'âge mûr précède logiquement l'âge pourri, mais personnellement, je m'en fiche et je verrais bien quand on y sera. Punk un jour, punk toujours. L'un de mes rares avantages sur le Grand Pierre, peut-être.

Mais comment ils font, les mecs qui osent courir en dehors du monde libre, c'est à dire occidental, asservi au commerce et dépendant du dire de l'expert ? Evidemment, j'ai aussi acheté ce livre, mais c'est surtout parce que j'ai du mal à résister à l'appel d'une bonne histoire, et que celle-ci m'avait l'air relevée à souhait. Et autant l'idée de courir pour arriver preums m'échappe, autant courir pour voir me séduit.

Et puis ce matin, il pleuvait. J'ai chaussé mes vieilles pompes, peu amorties apparemment je l'apprends et je m'en félicite, mais avec un massif support du medio-pied (je l'apprends, etc) que je subodore qu'il pourrait être la cause de mes petits soucis ridicules.

Je suis sorti courir. Une heure et quinze minutes; dans la forêt à écouter les feuilles bruisser en se passant des gouttes d'eau comme on se passerait une bonne bouteille, entre potes, sans  à coups et avec délicatesse; dans la forêt à écouter mes chaussures jouer une drôle de partition sur l'humus humide, grasse sur les chemins glaiseux des portions damées et plus mate au creux des sous bois insoumis; dans la forêt à écouter la faune relayer l'information de mon passage; à croiser peu d'humains sauf aux abords immédiats des villes et des routes.

Et, pardonnez-moi ce moment d'égarement : mais quel kif.

jeudi 19 avril 2012

Processus cicatriciel, première

C'est ma première blessure - et à l'instar de toutes les blessures héroïques dignes de ce vocable, évidemment : elle repose sur le point faible du bonhomme.

J'avais fait plusieurs tentatives; d'abord en étant trop gros, et le souffle m'avait manqué avant que mes articulations ne cèdent. Ensuite, voyant le naufrage de la crise de la quarantaine se profiler à l'horizon, avec son pavillon décati d'ambitions pré-pubères : je me voyais mal sombrer dans la vulgarité de la course à la jeunesse nubile, la chemise ouverte sur du poil grisonnant pour incarner la force tranquille, à défaut de savoir offrir des rémanences de vigueur juvénile.

Or donc : Exercice, à la Saint Thomas d'Aquin ou je ne sais quel autre de ces saints obnubilés (Saint Augustin ? rha, il sait plus; passons) qui voyaient dans la discipline physique le seul exutoire et la seule route certaine pour éviter de succomber aux sylphides de la tentation qui font rien qu'à nous détourner du droit chemin de Damas.

Bref, deux trois tentatives vaguement sérieuses. Aucune raison d'abandon, si ce n'est la lassitude d'avoir atteint un objectif que l'on croyait inatteignable : la montagne inexpugnable du "je cours trente minutes sans risquer l'apoplexie". Mais ça, bien d'autres que moi l'ont chanté, sur l'air lyrique de leur petite victoire personnelle et néanmoins risible sur l'adversité de la vie sédentaire. Ils se sentent pousser des ailes, et, en général, tu noteras qu'ils finissent moulés dans le lycra avec un numéro sur le bide. C'est pas que ça me rappelle de mauvais souvenirs, mais on va dire que je n'ai jamais été convaincu par l'argumentaire de Panurge.

Or donc y a de ça un bon gros mois, je me suis dit in petto - et si on s'y remettait ?

L'hiver se tassait sur ses derniers contreforts, et le printemps finirait bien par arriver; les pompes de coureur de compète dont je m'étais porté acquéreur par le passé, totalement par hasard, je vous rassure, c'est la joie de la grande boutique généralisée d'internet, semblaient se morfondre aux tréfonds du placard idoine...

Bref, j'ai repris. Profitant du dernier baroud d'honneur de son Altesse l'Hiver, des dernières larmes de la tristesse de Démeter. Des petites sorties d'une trentaine de minutes dans le froid lapidaire, des goulées d'air à quelques degrés venant brûler ma trachée; regardant les lueurs hiémales percer la canopée dépouillée, figée dans le gel et l'attente du bourgeon.

J'ai repris pour voir le printemps arriver, pour me faire passer en quelques semaines de l'aridité de cet hiver sec à l'ombre humide du retour d'entre les morts de Perséphone, avec des odeurs d'humus remontant à chaque foulée, alors que les feuilles naissantes se laissaient parfois aller à s’égoutter à mon passage. La fraîcheur, surtout, qui, comme chacun sait qui en a fait l'expérience, n'a rien à voir avec le froid.

J'aimais tellement ça que, rapidement, trente minutes ça ne me suffisait plus. Me suis dit, tiens, tentons quarante cinq minutes. Sans y prêter trop attention : j'ai fait un peu plus d'une heure.

J'avais trouvé mon tempo : course lente; je suis loin des questions de vitesse maximale aérobie et autres fractionnés. Je n'optimise rien. Je me promène, j'observe mon environnement et je profite de la stimulation de mes sens, j'écoute travailler mon corps et mon cœur, dans un mouvement qui remonte sans doute aux origines de l'espèce. Je n'en sais rien, je ne sais rien de plus que : j'ai trouvé un mouvement d'endurance qui me plait parce qu'il semble me correspondre.

Je passe pour cette fois sur les bienfaits ressentis au niveau psychologique; l'éclaircissement de la réflexion - ça le fait aussi avec la marche, notez bien. J'accorde aux petits malins qu'il y a sans doute un comportement relevant légèrement de la toxicomanie, endorphines et tout ça.

Ce qui me sidère a posteriori, c'est  : si l'on m'avait proposé la course de fond sur plus de cinq kilomètres lors de mes études, ça m'aurait sans doute plu - c'est à partir de cette distance que ça m'a convaincu trente ans plus tard. Or, à l'école on m'a fait faire du sprint, du relais, des courses de haie, mais rarement sur plus de mille cinq cent mètres. Bilan, moi je me suis niqué un genou sur une réception et ça m'a dégoûté... pendant près de trente ans.

Bref, tout allait pour le mieux, quand ça a progressivement cessé d'être le meilleur des mondes possibles.

Tu l'as lu camarade lecteur : mon talon d'Achille, c'est mon genou droit. Non pas parce qu'il n'a pas pris un bain dans le Styx contrairement au reste, mais parce que je ne suis pas certain que la consolidation puisse jamais être totale, finalement. Depuis près de trente ans, mon genou droit me sert à prévoir la météo, à savoir quand arrêter de faire le mariolle quand un pote m'a convaincu de mettre un kimono, etc.

Donc, voilà, allo maman bobo genou. Tristement classique.

En trainant sur le net, ce que je fais en prenant un gros sac de recul, en posant la question aux quelques adeptes de l'Atacama Crossing et autres fans des cent kilomètres de mes amis, oui je fréquente vraiment n'importe qui, il apparaitrait que ça pourrait être une bête tendinite.

Ça n'est pas franchement douloureux pour le moment, mais la gêne s'est accrue. Cela ne fait pas mal en courant, un rien de plus après, et encore, et surtout assis. Si ça se trouve c'est rien que le corps qui râle parce que certains muscles n'apprécient pas qu'on les sortent manu militari du cocon douillet de leurs atrophies respectives.

Bref, on verra ce que dira le corps médical quand je le consulterai dans quelques jours; il faut que je trouve une solution pour poursuivre.

Si ça se trouve, ce sont mes pompes amorties qui me gênent. Va savoir - y a autant d'avis que de chapelles, et visiblement, la guerre des tranchées sur ce sujet perdure depuis dix ans et l'avènement de la Nike Free.

C'est amusant d'ailleurs, ça, vu qu'on peut aussi apparemment considérer que Nike, du grec Niké, soit victoire, un petit rappel n'est jamais nuisible, bref Nike créa sans doute ex nihilo le besoin et le marché pour des chaussures amorties dans les années soixante dix, ce dont l'humanité s'était passé sans coup férir pendant des millénaires, et ce qui allait passionner le milieu des coureurs acharnés de la performance pendant les trente années qui suivraient, dans une escalade de l'armement de supports et compensations diverses.

En tout cas, la démarche minimaliste, que je découvre, m'interpellais. C'est peut-être le moment ou jamais.
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